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24 avril 2016


Madame Virginie ROZIÈRE



J’ai longtemps hésité à vous écrire, partagé entre la nécessité de rectifier les erreurs que vous avez récemment diffusées au travers de vos différentes interventions et l’inutilité de chercher à convaincre quelqu’un qui a largement fait la démonstration d’un dogmatisme systématique. Je me résous donc à écrire en utilisant ce courrier comme une lettre ouverte plus destinée à réinformer ceux qui auraient cru à vos nombreuses déclarations inexactes et infondées qu’à vous convaincre vous.


Vous avez commencé à apparaître sur mon radar lorsque j’ai eu la surprise d’entendre puis de voir à l’écran sur des chaînes du service public que des armes utilisées par des terroristes – comme par exemple Merah – étaient détenues légalement. Cette absurdité ahurissante a évidemment attiré mon attention, et j’ai cherché à comprendre où des journalistes avaient pu dénicher ces « informations ». Au cours d'une première enquête auprès de France Télévision, j’ai d’abord pu apprendre que ces propos provenaient d’un parlementaire européen. J’ai ensuite entendu des extraits de votre interview du 25 mars sur France Culture, et la lumière s’est faite : c’est bien vous et vous seule qui étiez à l’origine de ces bruits délirants.


Démontons ce qui, finalement, est devenu un véritable mensonge : vous avez certainement, à Bruxelles ou à Strasbourg, entendu dire un jour que la Directive européenne obligeait les États membres à conserver pendant vingt ans seulement les enregistrements de données concernant les armes. Du coup, obéissant à de vieux réflexes « professionnels » surannés, de ceux qui incitent à ne rien vérifier plus avant, vous en avez trop rapidement déduit que la réglementation française n’allait pas au-delà des exigences de la Directive et que toutes les armes qui étaient enregistrées dans les fichiers de l’Administration française s’évanouissaient « comme par magie » au bout de ce délai.


Sachant que des armes comme certaines de celles que Merah a utilisées ont été fabriquées depuis bien plus de vingt ans, vous en avez déduit de la même façon, réflexe n'étant pas réflexion, comme chacun sait, qu’elles avaient disparu des radars de la police française. Si par le plus hypothétique hasard vous avez quand même vérifié les textes de la réglementation française en vigueur, même en diagonale, vous avez peut-être vu un peu rapidement qu’il y était fait mention d’une durée de conservation de vingt ans, Mais en négligeant totalement (pourquoi perdre du temps si on est persuadé d'avoir trouvé le « scoop » ?) de lire la ligne suivante selon laquelle cette durée s’applique exclusivement APRÈS la destruction définitive de l’arme… Je n'ose imaginer que vous l'avez effectivement lu et que cela vous a dérangée de l'apprendre au point de l’oublier aussi vite que vous l’avez appris..


Par ailleurs, il se trouve que je connais bien l’une des armes trouvées sur le corps de Merah : elle avait été volée à l’un de mes amis, qui lui la détenait légalement, avec l’autorisation préfectorale adéquate. Oseriez-vous donc prétendre qu’une arme d'abord légalement détenue puis volée et ensuite revendue par le cambrioleur à un autre voyou est pourtant encore à considérer comme détenue légalement par ce dernier, recéleur ou utilisateur criminel ? Sachez juste, pour éviter de vous lancer dans des reproches iniques et faciles à l'encontre de mon ami, que son arme et le coffre fort la contenant (selon la réglementation en vigueur) ont été volés en même temps. Par conséquent, et contrairement à ce qu’un journaliste de France 2 a dit, ce Colt 1911 A1 n’était évidemment pas détenu légalement par Merah, pas plus que les autres armes qu’il avait en sa possession. Il n'aurait de toute façon jamais pu obtenir d'autorisations préfectorales avec un passé de délinquant notoire comme le sien, de surcroît pour des armes déclarées volées. Personne de sensé ne se poserait même la question.


Il s’avère ainsi que vous lancez beaucoup (trop) d'affirmations dans une totale méconnaissance de la réalité de la réglementation en vigueur et que vous ne vous appuyez, pour prononcer vos réquisitoires anti-armes, que sur les impressions subjectives et faussées que vous en avez. Ne vous est-il jamais venu à l'esprit, dans un simple souci d'honnêteté intellectuelle, de prendre la peine de lire les textes ou de demander à ceux qui les connaissent (pour les avoir rédigés, comme les fonctionnaires de la DLPAJ) ou à ceux qui s’y soumettent scrupuleusement au quotidien (comme les détenteurs légaux) de vous les expliquer ? Mais je subodore que, comme ces explications auraient inévitablement contredit votre dogme préconçu, il était plus commode de les balayer d’un revers de main négligent.


De la même façon, vous avez récemment prononcé un autre réquisitoire contre les collectionneurs en prétendant qu’ils sont des fournisseurs des criminels et des terroristes. Les preuves de ces allégations se feraient attendre très longtemps si on vous les réclamait, car, contrairement à ce que vous avez dit, AUCUN collectionneur n’a été impliqué dans la fourniture d’armes aux auteurs des attentats de ces dernières années. Les fournisseurs de ces terroristes sont soit des voleurs, soit des trafiquants, et l’utilisation de l’appellation collectionneur a pour unique objectif de faire un amalgame scandaleux entre des personnes honnêtes et passionnées qui contribuent à la préservation d’un patrimoine historique précieux et des trafiquants qui, eux, font commerce d’armes qui, elles, n’ont généralement aucune valeur historique.


Plutôt que de vous adonner à cet amalgame facile, honteux et calomnieux, vous auriez été mieux avisée de vous occuper de définir ce qu’est un vrai collectionneur et de vous apercevoir alors que ce qui existe à ce sujet dans de nombreux États membres vous interdit d'employer de tels poncifs éculés et abusifs. Venant de membres de partis politiques qui passent leur temps à dénoncer les amalgames, le propos est particulièrement significatif et édifiant. Vous seriez bien inspirée de prêter attention à ce que certains de vos collègues parlementaires européens bien mieux informés, comme Roberta METSOLA, par exemple, peuvent dire à ce sujet de nettement plus étayé et réfléchi que votre hâtive stigmatisation.


Je sais que mes propos n’ont aucune chance de réussir à vous convaincre que vous avez faux sur toute la ligne, même de « bonne foi ». Mais je réussirai sans peine à convaincre l’ensemble de ceux qui croient encore à la démocratie et à la responsabilité personnelle des citoyens que vous voulez seulement en faire les esclaves d’une bureaucratie bruxelloise à laquelle vous semblez totalement dévouée et soumise.


Les prochaines échéances électorales pourraient cependant réussir à vous montrer à quel point les citoyens respectueux des lois sont fatigués de se voir traînés dans la boue. L’incompétence flagrante de certains de vos pairs (et d’autres membres non élus des institutions européennes) à identifier et à résoudre le véritable problème fait de ces mêmes citoyens des boucs émissaires et restreint de jour en jour leur liberté au profit d'une pure chimère sécuritaire... Il n'est pas impossible en outre que ces échéances vous démontrent à quel point ils seront nombreux à user de leur liberté de voter pour défendre leur liberté de détenir légalement des armes.


Le président de l'UNPACT

  

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